penser à soi

Être en relation ou être soi ? premier épisode

La semaine dernière, dans l’article portant sur le célibat, nous avons souligné le fait que, dans certains cas, les personnes qui choisissent volontairement ce statut de manière prolongée (voire définitive) étaient souvent motivées par des expériences difficiles lors d’un couple précédent.

Les témoignages de ces personnes qui adorent leur célibat comportent souvent  des commentaires qui parlent d’une liberté retrouvée :

  • « Je peux faire ce que je veux, je n’ai plus de comptes à rendre à personne»
  • « Je suis bien plus heureux(se) seul(e)»
  • « J’étais dans une prison »
  • « La relation était trop destructrice »
  • « Dans mon couple, j’étais un peu le sauveur et je me suis perdu ».

Dans ces cas-là, le célibat semble être une manière de se protéger des effets destructeurs du couple et ces témoignages montrent le couple sous son jour le plus négatif :  celui dans lequel la relation, plutôt que d’être la source d’épanouissement et d’envol qu’il devrait être, est devenu une cage, exigeant de se transformer au point de ne plus se reconnaître et éteignant la flamme vitale de ceux qui y sont enfermés.

Pourquoi le couple en arrive-t-il parfois à devenir cette sorte de prison de laquelle nous serions tellement heureux de nous échapper que notre peur la plus profonde serait d’y replonger ?

Pourquoi cela nous semble-t-il parfois si difficile de préserver cette liberté indispensable dont nous avons besoin pour évoluer vers le meilleur de nous-mêmes tout en vivant une relation de couple épanouissante ?

Comment en arrivons-nous parfois à nous oublier totalement par amour pour l’autre ?

Faut-il absolument choisir entre «Être en relation» OU «Être soi» ?

N’est-il pas possible d’avoir les deux ? Est-ce vraiment incompatible ?

 Car si le célibat nous permet d’avoir une totale liberté de faire et d’être exactement ce que nous souhaitons, le couple offre aussi de magnifiques occasions de nous transformer et de grandir.

 Alors, comment trouver le juste équilibre entre «Penser à l’autre» et «Penser à soi», entre «Accepter de changer» et «Rester soi-même» ?

Car, entre «Fusion Totale» et «Indépendance Totale», nous pouvons imaginer une voie du milieu, un troisième terme que  j’aurais envie d’appeler « Autonomie Solidaire »…

Mais comment pouvez-vous créer ce troisième terme ?

Quelles sont les croyances dont il faut vous libérer, les habitudes relationnelles qu’il faut transformer ou les blessures qu’il vous faut guérir ?

Je vous propose de vous livrer les 5 clés essentielles qui vous permettront de cheminer sur cette voie du milieu et de pouvoir ainsi ne pas devoir choisir entre rester vous-même et rester en relation et de pouvoir avoir les deux (parce que, je l’avoue, moi j’aime bien quand je ne dois pas choisir et que je peux tout avoir 🙂 )

Mais comme chaque clé demande à être bien expliquée, j’ai décidé de scinder cet article en 5 épisodes dont je vous laisse découvrir le premier…

 

Clé n° 1 :  Sortez du triangle Victime – Sauveur – Bourreau

le triangle de Karpman

Ce triangle relationnel est connu sous le nom de «Triangle de Karpman» du nom du Psychologue américain (spécialisé en analyse transactionnelle) qui l’a décrit dans les années soixante.

Cette manière d’interagir avec les autres peut exister dans toutes les relations : professionnelles, amicales, familiales… Mais c’est dans la relation de couple que ces interactions sont les plus exacerbées car, plus l’enjeu affectif est grand, plus nous avons tendance à nous appuyer sur des modèles qui ont fait leurs preuves dans les générations précédentes et dont nous avons souvent été témoins dans nos propres familles.

Ce qu’il faut savoir, c’est que, bien qu’ayant souvent un rôle dominant, nous pouvons passer de l’un à l’autre, parfois très rapidement… Aucun de ces rôles n’est pire ou meilleur qu’un autre mais TOUS sont  de sérieux obstacles à une relation épanouissante de type win-win. Car, dans ce triangle, tout repose sur le besoin d’avoir le pouvoir qui provient de nos peurs et de notre manque de confiance en nous.

Dans de nombreuses relations de couple (et pas uniquement dans celles qui sont pathologiques*), il est très fréquent que l’on rentre dans une interaction basée sur le fait de combler les manques de l’autre.

L’autre souffre de blessures du passé mais moi, je vais l’aider à en guérir et je vais lui apporter enfin tout l’amour qu’il ou elle n’a jamais reçu.

L’autre est triste, inquiet, malheureux, mais moi, je vais lui trouver des solutions pour qu’il puisse redevenir joyeux, confiant et heureux.

L’autre a des manques et des besoins et moi, je vais les combler.

La détresse (réelle ou supposée) de l’autre provoque chez nous un malaise qui nous pousse à vouloir intervenir dans sa vie et parfois même si on ne nous a rien demandé.

Nous donnons donc à l’autre le rôle de la Victime** et nous prenons le rôle du Sauveur.

Prendre le rôle du Sauveur est un réflexe inconscient qui provient de notre empathie naturelle mais aussi de notre fausse croyance que l’amour que nous pouvons susciter dépend de ce que nous faisons pour l’autre.

De plus, être indispensable au bonheur de l’autre peut nourrir notre estime de nous-mêmes et réussir à l’aider démontre notre propre compétence. Mais, en même temps, c’est relativement infantilisant pour l’autre puisque cela présuppose qu’il ou elle n’est pas suffisamment épanoui(e) pour être heureux(se) sans nous ni suffisamment fort(e) pour trouver ses propres solutions.

Mais si un jour l’autre, lassé d’être ainsi infantilisé, refuse notre aide (de manière ponctuelle ou définitive), nous risquons bien d’être déçu de ce que nous ressentons comme un total manque de reconnaissance et de tomber alors dans le rôle de la Victime qui culpabilise l’autre (« Je t’ai tant donné et tu m’abandonnes…!) ou dans celui du Bourreau qui insulte l’autre (« Après tout ce que j’ai fait pour toi, tu es vraiment  un monstre…!)

Inversement, en considérant que nous avons besoin de l’autre pour réparer nos blessures et combler nos manques, nous prenons le rôle relationnel de Victime et nous plaçons l’autre dans le rôle du Sauveur. Se sentir indispensable à notre bonheur est peut-être valorisant pour l’autre mais, en même temps, cela lui fait endosser une responsabilité qui n’est pas la sienne et qui est fort lourde à porter. D’autant plus que l’autre va se sentir notre Bourreau s’il ne parvient pas à répondre à nos besoins.

C’est parce que ces interactions sont destructrices pour les deux partenaires et qu’elles aboutissent toujours à transformer le couple en un lieu où on s’éteint plutôt que d’être source d’envol qu’il est essentiel de les dépister.

Pour reconnaître les situations qui nous font mettre les doigts dans l’engrenage de ce triangle, il est très intéressant de connaître les caractéristiques suivantes :

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Les interactions du triangle sont toujours :

– Initiée par une attitude de Sauveur, de Victime ou de Bourreau.

– Inconscientes : nous avons l’impression de ne pas pouvoir faire autrement.

– Répétitives : elles nous donnent l’envie de dire « C’est toujours la même chose ».

– Dont nous attribuons la responsabilité à l’autre : « Si il/elle n’avait pas agi comme ceci, je n’aurais pas réagi comme cela ».

– Confuses et ambigües: elles nous donnent envie de dire : « C’est compliqué »

– Caractérisées par des changements de position dans le triangle de la part des deux partenaires ce qui permet de continuer le jeu.

– Et elles se terminent toujours de manière négative par la dévalorisation de soi ou de l’autre : on éprouve la sensation désagréable de s’être fait avoir ou la joie malsaine d’avoir triomphé de l’autre.

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Chacun de ces trois rôles est un résidu de l’enfant qui sommeille toujours en nous, prêt à se réveiller à la moindre blessure…

L’enfant qui a peur de ne pas s’en sortir tout seul et de ne pas avoir le soutien nécessaire, l’enfant qui a peur de ne pas être aimé et qui veut à tout prix plaire à papa/maman, l’enfant qui a peur de ne pas avoir sa place et qui la prend de force…

L’antidote à ce triangle dramatique : le triangle thérapeutique (aussi appelé « Triangle du plaisir » : j’avoue que j’ai un faible pour ce nom-là 🙂 )

Comment construire le « Triangle du Plaisir » ?

le triangle du plaisir

En n’endossant pas la responsabilité du bonheur de l’autre (prendre soin n’est pas la même chose que prendre en charge) et en s’appuyant sur l’adulte qui est en nous pour développer les 3 P : Puissance – Permission – Protection

P uissance : correspond au sentiment de confiance en soi et en ses propres ressources, ses propres compétences. Il se base sur les expériences positives que nous avons faites et dans lesquelles nous avons connu des succès, des réussites.

P ermission : nous donne la permission de grandir, d’évoluer, de faire autrement que ce que nous avons toujours fait, de faire des choses qui sont bonnes pour nous. Cette permission se fonde sur la confiance en notre capacité à nous adapter aux changements et à faire face à d’éventuelles difficultés. Elle nous ouvre de nouvelles perspectives.

P rotection :  établit les repères, le clair et sécurisant au sein duquel la relation peut rester positive pour les deux partenaires. La solidarité mutuelle respecte alors les limites de chacun et ne risque pas de dévier vers le sacrifice de l’un ou de l’autre.

L’objectif étant de se permettre de sortir du triangle en s’appuyant sur un des 3 P tout en permettant à l’autre de quitter le rôle Victime – Sauveur – Bourreau  en lui montrant la voie vers un de ses propres 3P.

Exemples :

L’autre (Victime) : « Je ne vais pas m’en sortir « 

La Puissance : « Quelles solutions ont-elles fonctionné la dernière fois que tu as été confronté(e) à ce genre de problématique ? »

La Protection : « Si tu m’expliques ce dont tu as besoin, je verrai si je peux t’aider. »

L’autre (Bourreau) : « Je te demande un conseil et tu ne m’aides pas. »

La Permission : « J’ai confiance en ta capacité de trouver de nouvelles solutions. »

La Protection : « Qu’attends-tu de moi ? »

L’autre (Sauveur) : « Je ne le fais pas pour moi mais pour toi car tu n’as pas les mêmes compétences que moi. »

La Puissance : « Je t’en remercie mais je pense que je vais pouvoir me débrouiller »

La Permission : « Pour une fois, je vais m’en occuper. Cela me permettra d’apprendre »

La Protection : « Si je ne m’en sors pas, je n’hésiterai pas à te demander de l’aide »

 

Repérez vos rôles relationnels et ceux de l’autre, sans jugement, avec beaucoup d’indulgence pour votre enfant intérieur et celui de votre partenaire.

L’humour dans le décodage des interactions peut également être d’un grand secours (au départ, vous pouvez même fabriquer 3 chapeaux en papier avec les noms ou les dessins représentant les 3 rôles et n’hésitez pas à placer sur votre tête celui qui correspond au rôle que vous êtes en train de jouer).

Sachez qu’il est toujours plus facile de détecter un rôle chez l’autre que chez soi-même (et acceptez qu’éventuellement ce soit l’autre qui vous ouvre les yeux sur votre rôle favori). Si vous avez décidé ensemble de sortir du triangle, c’est pour le bien de votre relation. Souvenez-vous de cette intention positive si vous vous sentez blessé lorsque l’autre pose un chapeau sur votre tête.

Exercez-vous, soyez créatifs dans  vos manières d’utiliser vos 3P.

Retenez qu’il est toujours plus facile de ne pas entrer dans le triangle que d’en sortir.


 

 

*Dans les relations pathologiques comme la manipulation, c’est l’autre qui nous fait endosser de force ce rôle de sauveur puis rend impossible le fait d’être sauvé pour pouvoir nous reprocher d’être son bourreau. Et, en nous accablant de reproches et en suscitant notre culpabilité, il devient notre réel bourreau. Avec les manipulateurs/manipulatrices pathologiques, il est impossible de sortir du triangle de Karpman.

**Attention : il est important de distinguer le RÔLE relationnel de victime que l’on peut jouer  dans le triangle du STATUT de victime qui, lui, est bien réel et pour lequel la reconnaissance de ce statut  est primordiale (victime d’une agression, victime d’un viol, victime de manipulation…)

 

 

Nous nous retrouvons la semaine prochaine pour la deuxième clé de l’équilibre entre « Être soi » ET « Être en relation ».

 

Pour lire le deuxième épisode :

Penser à soi ou penser à l’autre ?

Sortez des jeux relationnels stériles

Coaching audio

 

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Commentaires

  1. Bonjour,

    Tout d’abord merci pour vos nombreux articles très intéressants.
    Cet article fait écho aux questions que je me pose par rapport à mon positionnement actuel dans les relations.
    J’ai eu l’intuition assez rapidement que mon Ex était l’homme de ma vie et malgré notre séparation, je le pense toujours. J’ai tout de même essayé de vivre d’autres relations, mais je ne rencontre personne qui me plaît autant que lui. Je n’arrive du coup pas à renoncer à lui et comme il a laissé la porte ouverte lors de notre séparation sur un éventuel futur à deux plus tard, après avoir chacun avancé de notre coté, j’espère un retour de sa part. Toujours est-il que du coup je n’arrive pas à m’investir à 100% dans une autre relation, je ne veux pas mentir à l’autre sur le fait que mon coeur n’est pas libre à 100%. Du coup j’évite les relations sérieuses. Je me rends compte que pour moi une relation doit nécessairement aboutir à du très sérieux : enfants, mariage. Je n’arrive pas à m’engager si je sens que je ne pourrai pas potentiellement passer ma vie avec cette personne, et du coup comme dans mon esprit j’ai déjà trouvé la bonne personne qui n’est juste pas disponible pour le moment, je n’arrive pas à vivre des relations plus légères avec d’autres hommes car j’ai peur de les faire souffrir si ils s’attachent, je culpabilise, je ne me sens pas honnête. J’ai récemment rencontré quelqu’un à qui j’ai exposé la situation et qui est d’accord pour vivre une histoire moins sérieuse, où on passerait juste des bons moments ensemble sachant que je ne suis pas libre dans mon coeur, mais je n’arrive pas à me résoudre à lui faire ça. Je trouve que ce serait vraiment égoïste de ma part. Il me dit d’arrêter de chercher à penser à sa place, mais j’ai trop peur de le faire souffrir. Je me pose plusieurs questions par rapport à tout cela : – Peut on vraiment avoir l’intuition que quelqu’un est l’homme de sa vie ? J’ai cette intuition très forte mais qui me bloque totalement pour vivre autre chose… – Ma vision du couple n’est elle pas trop « rigide » ? – Suis-je complètement égoïste de vouloir vivre une relation tout en étant pas vraiment disponible pour du sérieux ? Je n’arrive pas à penser à ce qui me ferait plaisir à moi en premier lieu car la peur de faire souffrir l’autre est trop forte.

    Merci beaucoup pour vos articles et bonne continuation !

    Juliette

    1. Author

      Bonjour Juliette,

      Merci d’apprécier mon travail, cela fait toujours plaisir 🙂

      Je vais reprendre vos questions une à une :

      -1) Peut on vraiment avoir l’intuition que quelqu’un est l’homme de sa vie ?
      A ce sujet j’ai envie de répondre plusieurs choses :
      * D’une part, l’intuition qu’une personne est très importante pour nous existe, bien entendu mais ce n’est pas pour autant que cette personne est l’homme ou la femme de notre vie. Car, pour que cela soit le cas, et bien, il faudrait que cette personne soit elle aussi prête à passer sa vie dans la relation. Cela peut paraître un peu idiot et simpliste mais, pour qu’une personne puisse être définie comme l’homme de notre vie, et bien, il faut qu’il soit réellement en relation amoureuse avec nous dans notre vie réelle. Si ce n’est pas le cas, alors, il peut être défini éventuellement comme une personne très importante voire une âme soeur mais qui est incarnée dans une personnalité qui elle, n’est pas prête à vivre une relation du genre « toute une vie » avec nous. Voyez-vous la nuance ? Finalement, on ne peut vraiment dire qu’une homme a été l’homme de notre vie qu’à la fin de notre vie, après une vie passée avec lui.
      Cet homme est donc certainement très important pour vous (et c’est probablement ce que vous sentez quand vous parlez d’intuition) mais l’homme de votre vie sera celui qui, lui aussi pensera que vous êtes la femme de sa vie et vous rendra heureuse.
      * D’autre part, parfois nous mettons l’étiquette de l’intuition pour « justifier » l’attirance puissante qui nous pousse vers une personne qui nous permet de rejouer notre histoire. C’est un processus très inconscient (que j’explique plus en détails dans l’article : https://veroniquebaudoux.com/tous/votre-choix-amoureux-se-fait-il-vraiment-par-hasard/ ). Essayez peut-être de décoder en quoi cet homme-là pourrait être justement l’acteur parfait pour rejouer le film de votre histoire. Peut-être que l’intuition qu’il est l’homme de votre vie est-elle plutôt le reflet inconscient que, grâce à lui, vos blessures seront guéries.

      -2) Ma vision du couple n’est elle pas trop « rigide » ?
      Le mot rigide est peut-être un peu trop négatif 🙂
      Mais je dirais que cette vision est peut-être le reflet d’un besoin d’avoir des « assurances »… l’assurance qu’un couple dure pour toujours (afin de ne pas souffrir), l’assurance que les choses restent stables (afin de rester en sécurité dans le connu),… ou d’autres assurances que vous êtes la seule à pouvoir découvrir. C’est un réflexe humain d’avoir envie que l’amour soit couvert par une assurance tous risques… Mais, malheureusement, (ou heureusement), la vie (et donc l’amour qui est une composante essentielle de la vie) ne sont absolument pas couverts par ce genre d’assurance. Peut-être que votre vision reflète donc une certaine peur globale du changement, un besoin de stabilité qui vous protège de l’inconnu et vous assure de ne pas devoir vivre les difficultés de l’adaptation à l’inconnu. Voyez si ce besoin de sécurité n’est pas présent ailleurs également, dans d’autres domaines de votre vie…
      Et, en soi, ce n’est pas quelque chose de « mal », évidemment 🙂
      C’est juste que, pour pouvoir naviguer sur le fleuve de la vie, nous avons besoin de développer notre capacité à nous adapter aux courants changeants, parfois imprévisibles… Car la vraie richesse de la vie est peut-être justement dans tout ce qu’elle a d’imprévu… ses cadeaux inattendus comme ses obstacles/défis échappant à notre contrôle…

      – 3) Suis-je complètement égoïste de vouloir vivre une relation tout en étant pas vraiment disponible pour du sérieux ?
      A partir du moment où vous avez été authentique et claire sur votre état actuel, l’autre, adulte responsable, peut accepter ou ne pas accepter.
      Cet homme a raison quand il dit que vous ne devez pas penser à sa place… Il connaît la situation et il fait ses propres choix en fonction de cela.
      Mais peut-être faites-vous une sorte de projection en imaginant que cela vous ferait souffrir vous d’entamer une relation avec quelqu’un qui n’est pas disponible pour du sérieux.
      Du coup, vous vous mettez dans sa peau…
      Laissez-le faire ses propres choix, en conscience.
      Mais, peut-être que l’envie de quelque chose de sérieux ne vient-elle que petit à petit, après avoir vécu quelque chose de plus « léger », des bons moments sans prise de tête.
      Car, pour avoir envie de passer sa vie avec quelqu’un, ne faut-il pas d’abord avoir passé ces bons moments ?
      Et, avant de pouvoir s’engager pour le futur, ne faut-il pas d’abord vivre le présent. Comment pourriez-vous savoir que vous pourriez vivre toute une vie avec un homme avant de vivre avec lui une série de choses au quotidien ? Le futur n’est jamais qu’une succession d’instants présents…

      J’espère avoir pu vous éclairer un peu et je vous souhaite un beau cheminement vers la légèreté.

      Véronique.

  2. Bonjour,

    J’ai lu attentivement votre réponse et je vous remercie pour ces nombreuses pistes de réflexion. Cela m’a effectivement beaucoup éclairé. Merci infiniment et bonne continuation !

    Juliette

  3. Bonjour Véronique:-)

    J’ai déjà eu l’occasion de communiquer avec vous sur un autre sujet: le rapport avec les ex. Je me trouve aujourd’hui dans une impasse, et votre manière de penser est tellement positive et enrichissante, que j’ai pensé que vous pourriez peut-être m’éclairer un peu….

    J’ai rencontré mon compagnon il y a maintenant un an et demi. Un homme que j’aime par dessus tout 😀 Mais il est steward…

    Mon problème est que, depuis la rentrée, il est venu s’installer près de chez moi et que je dois m’occuper de ses enfants dès qu’il est en vol!! Avant, c’était ses parents, mais ils n’en pouvaient plus… Puis son frère et sa belle-soeur… Aujourd’hui, c’est moi… Dès qu’il part, j’ai donc 4 ados de 10 à 13 ans à charge ( les deux miennes et les siens). Je suis prof, je donne aussi des cours à l’extérieur, bref, je passe ma vie à courir!!! Et j’en ai marre!!!!!! Je me demande que faire…

    Nous n’habitons pas ensemble. Il a son appart à deux pas de chez moi, mais ça me fatigue d’avoir le mauvais rôle: celui de la nounou qui serre les vis pour que tt roule à la maison. Les gamins sont sympas, s’entendent bien, mais bon, c’est dur, et j’aimerais respirer!!!

    Quant à la mère des enfants, impossible de compter sur elle: elle est parfaitement absente de la vie de ses enfants, ne les voit que ponctuellement et ne paie toujours pas de pension alimentaire depuis 4 ans!!! La procédure est lancée, maintenant il faut patienter!!!

    Bref, je veux une autre vie avec mon compagnon, me retrouver, le retrouver, me reposer, souffler un peu!!
    Je me demande s’il pourrait avoir une nounou pour s’ occuper des enfants quand il n’est pas là, mais il ne pourrait pas la payer pour des nuits ou pour ttes ses absences…

    Je suis un peu dans l’impasse et ne sais pas trop comment retourner le problème et retrouver un peu de sérénité…
    J’ai le sentiment de tt donner, de me sacrifier et de complètement m’oublier dans cette histoire. Pourtant, je continue à faire du sport, mais je trouve ce genre de vie trop usante. Je ne m’y retrouve pas du tout et je pense que ce n’est pas non plus bon pour notre couple… Je veux me sentir femme et non nounou… Je veux être moi…

    Merci encore pour tout:-)

    Stéphanie

    1. Bonjour Stéphanie,

      Je comprends vraiment que cette situation soit difficile à vivre et usante… Votre projet de vie n’incluait pas de vous retrouver à vous occuper de 4 enfants et même par amour pour un homme, se dévouer à ses enfants au point de se sacrifier n’apportera rien de bon ni à vous, ni à votre couple.
      Avant tout, comment cela s’est-il installé ? Vous a-t-il demandé si cela vous convenait de vous occuper de ses enfants durant ses absences ou cela s’est-il fait d’une manière un peu automatique, sans que vous ayez eu l’occasion de poser le « cadre » dans lequel il vous est possible de l’aider ? Avez-vous eu l’occasion de mettre vos limites ?
      Quoi qu’il en soit, je pense qu’il est indispensable de mettre ce sujet sur le tapis en expliquant que ce genre de vie est en train de vous épuiser et qu’il faut réfléchir à deux aux solutions possibles.
      Peut-être qu’une formule de « milieu de pont » peut être trouvée… Par exemple que vous vous chargiez de ses enfants une fois sur trois quand il est absent mais qu’une autre fois, il trouve une baby-sitter et que la troisième fois, vous payiez ensemble une baby-sitter qui s’occupe des 4 chez lui pendant que vous vous « soufflez » complètement sans enfant.
      Peut-être est-il possible aussi de faire une liste des tâches qui vous pèsent le plus et d’y trouver une solution ensemble. Par exemple, si c’est la préparation des repas pour 4 enfants, quand il est là, vous pourriez ensemble cuisiner en double et surgeler la moitié qui serait alors utilisée lors de ses absences afin que vous ayez moins de travail. Peut-être pouvez-vous imaginer aussi que lorsqu’il est présent, il se charge parfois des 4 enfants pendant que vous vous passez une soirée de détente afin de compenser le surplus de travail que vous avez quand il est parti.
      Ce ne sont que des exemples et, bien entendu, il faut adapter cela à votre situation personnelle.
      Dans la situation complexe qui est la vôtre, le mieux sera d’essayer de trouver des solutions créatives et de rediscuter souvent de l’organisation logistique…
      Soyez sincère en lui expliquant ce que vous ressentez et ce qui est trop lourd pour vous.
      Il est peut-être également possible d’avoir une réunion familiale durant laquelle, à deux, vous demandez aux enfants ce que eux peuvent prendre en charge dans les tâches.
      Et je pense également important que votre compagnon ait une discussion avec ses enfants durant laquelle il leur transmettrait les « règles » qu’il souhaite qu’ils respectent durant ses absences (à répéter brièvement chaque fois ou à écrire sur un papier afin qu’ils s’en souviennent)… Cela vous évitera à vous d’être le gendarme pendant ses absences car vous pourrez leur rappeler que leur papa attend d’eux ceci ou cela.
      Cela ne sera jamais vraiment simple, Stéphanie… Et cela va vous apprendre à construire votre histoire familiale avec souplesse, adaptation, créativité, humour.
      Pour vous mettre un peu de baume au coeur, même si ce n’était pas votre « rêve » de vous transformer en mère de 4 enfants, pensez aussi au fait que, durant tous ces moments où vous vous occupez d’eux, vous créez des liens avec ces enfants pour laquelle vous êtes la seule image maternelle. Ces liens qui se construisent dans ces moments de partage du quotidien peuvent devenir solides et vous apporter plus de bonheur que vous ne pouvez peut-être l’imaginer aujourd’hui.
      Mettez un cadre à votre soutien à votre compagnon et à ses enfants, posez les limites de ce qui est possible ou impossible pour vous et faites face à deux pour trouver ensemble des solutions pour affronter ensemble les défis importants de votre situation familiale.
      Bon courage !
      Véronique.

      1. Bonjour Véronique te merci beaucoup pour votre réponse!!
        Il fallait que je réfléchisse à tout cela avant de vous écrire ces quelques lignes…

        Quand mon compagnon a décidé de venir s’installer près de chez moi, l’idée était de se voir enfin plus souvent. La mère des enfants semblait sortie de son alcoolisme puisqu’elle avait repris son boulot d’hotesse de l’air. Elle s’occupait de plus en plus des enfants et a parlé de venir s’installer dans le coin aussi, afin d’établir une sorte de garde alternée. Elle disait qu’elle allait visiter des appartements, parlait aux enfants de leur nouveau « chez eux » par ici… Jusqu’au moment où nous avons senti que les choses dérapaient à nouveau: elle hurlait sans arret, demandait à ramener les enfants plus tôt quand elle les avait… Cet été, nous avons récupéré les enfants plein de cauchemars et complètement traumatisés après qq jours passés avec elle. Mon compagnon a pris la décision de ne plus laisser les laisser partir chez leur mère. Le compagnon de cette dernière nous a alors dit qu’elle avait profondément rechuté dans l’alcool mi septembre.
        Entre temps, tout ce petit monde était venu s’installer ici et mon ami a repris ses vols. J’ai donc gardé les enfants.

        Nous avons eu beaucoup de discussions avec eux pour réajuster en cours de route… Et globalement, ça roulait pas mal… Sauf que j’étais épuisée, que je ne m’y retrouvais pas et que j’avais le sentiment d’être devenue la baby sitter…

        Ces vacances, j’ai rendu mon tablier et nous étudions ttes les solutions pour que cela fonctionne mieux…
        Nous cherchons une nounou pour garder un maximum ses enfants, lui a fait une demande auprès de l’assistante sociale d’Air France. Il va passer devant une commission qui devrait lui proposer un poste au sol pendant 3 mois au moins…

        L’idée, c’est surtout que je ne veux rien attendre en retour: si je m’occupe de ses enfants, j’attends un retour qui ne vient pas forcément, ou pas comme je le voudrais… Du coup, mon agacement s’ajoute à ma fatigue, et j’explose!!
        Pendant les vacances, les enfants devraient aller en partie au centre aéré et chez les gds parents. J’ai besoin de ne plus avoir l’impression de me sacrifier. J’espère vraiment que la situation évoluera rapidement afin de retrouver la sérénité dont j’ai besoin pour vivre et m’occuper tranquillement de mes enfants. Le plus dur est de trouver un équilibre en posant des limites très claires, comme vous dites. Mais je ne veux pas être dans la demande pcq ‘avant, par exemple, je lui demandais de me faire un coup de ménage avant de partir en vol. Il l’a fait une fois… Maintenant, j’ai pris une femme de ménage, au moins c’est réglé. De tte façon, il ne peut imaginer la charge de boulot que j’ai quand il n’est pas là… C’est assez normal, il n’y est pas confronté…

        Bonne journée et, une fois encore, merci beaucoup pour tout:-)

        Stéphanie

        1. Bonjour Stéphanie,

          Pour qu’une relation soit épanouissante, il est important que chacun soit :
          -capable de donner
          -capable de demander
          -capable de recevoir
          -capable de dire « merci »

          Pour ne pas rester dans le mode sacrifice de vous, il me semblerait utile que vous développiez les deux pôles : demander et recevoir…
          Attendre un « retour » est légitime (sinon on reste dans le sacrifice) et il faut simplement veiller à savoir demander ce que l’on souhaite exactement.
          L’autre en face n’a pas de boule de cristal et comme nos besoins sont variables, il risque toujours d’être à côté de la plaque et vous d’être frustrée.
          Apprenez à dire : « Ce dont j’ai besoin, c’est…. « , « Ce qui me ferait plaisir, c’est…. » en décrivant avec précisions ce que vous souhaitez.
          Si un jour il garde les 4 enfants pour que vous puissiez prendre une journée pour vous, cela lui permettra effectivement de voir la charge de travail que cela représente…
          Cela lui permettra aussi d’avoir le sentiment de pouvoir vous donner quelque chose (c’est important que l’autre ait l’occasion de donner, surtout que votre compagnon est un peu du genre « Sauveur »)…
          Et vous, vous pourrez souffler pour revenir vers le couple et la famille en ayant fait le plein d’énergie.

          Être toujours celle qui donne, c’est épuisant… Mais être toujours celui qui reçoit, c’est culpabilisant.
          Alors, donnez-lui l’occasion de vous donner !

          Amicalement,

          1. Bonjour Véronique,

            Merci pour cet article et la solution très concrète du triangle du plaisir. Cela m’a permis de me rendre compte que je l’utilisais sans le savoir.

            Une question m’apparaît: quel serait l’issue d’une relation entre deux sauveurs?

            J’ai développé il y a peu des sentiments pour un homme qui correspond tout à fait au type « sauveur ». Cela fait un an et demi qu’il est comme en toile de fond sur mon écran affectif càd qu’à force de le voir, je ne le voyais plus mais qu’il s’agissait aussi d’un coup de coeur que j’ai laissé grandir très très doucement.

            Au début, j’avais une grande admiration pour ses réactions, son empathie et ses attentions, choses inhabituelles pour moi que je mettais aussi sur le compte d’un excès de zèle chez lui en début de carrière. Ensuite, il y a deux mois, en recevant une carte de remerciement de sa part sur laquelle se trouvait un grand coeur, je me suis autorisée à croire qu’il pouvait avoir des sentiments pour moi.

            Maintenant, après avoir lu plusieurs articles sur le même thème du sauveur, je me dis qu’il ne fait que jouer apparemment une pièce qu’il connaît que trop bien et dans laquelle je me suis reconnue aussi. Si je ne m’étais pas intéressée à ces traits-là chez lui, je ne me serais jamais dit qu’ils pouvaient faire l’objet d’étude d’un syndrome… complètement identifiable chez moi!

            La nature même de notre relation m’oblige de le tenir informé de ma situation personnelle afin de justifier absence ou autres joueusetés de la vie. Le père de mon fils étant décédé quelques jours après l’entrée en fonction de cet homme, il m’a directement proposé de venir à la cérémonie de funéraille, ce qui m’a fortement surprise mais que je n’ai pas eu le coeur de refuser. Nous nous sommes donc rencontrés à cette cérémonie pour la première fois comme je ne me suis pas déplacée pour sa soirée de présentation. Je précise que je suis séparée de mon défunt ex-conjoint depuis plus d’une décénie et que le discours que j’ai improvisé ressemblait plutôt à un sketch comme mon ex était particulièrement drôle. Toute l’assemblée a rit de bon coeur et a trouvé qu’il avait eu une belle cérémonie.

            Suite à cet événement, cet homme n’a eu de cesse d’anticiper ce qu’il croit être mes besoins en me proposant des solutions où il intervient en direct pour modifier la donne alors que je ne fais que l’informer de ma situation pour qu’il puisse en tenir compte. Pour moi, un décès, une maladie sont des événements malheureux de la vie que tout un chacun est amené par la force des choses à vivre. Ils n’appellent pas toujours la nécéssité d’être sauvé.

            J’observe que cet homme est donc à chaque fois en train d’outre-passer son rôle et le cadre de notre relation en s’évertuant à vouloir m’apporter sa participation. Si je l’avais laissé faire, il serait venu chez moi (dans mon intimité) chercher mon fils pour le conduire à l’école les jours où je n’en étais pas capable pour cause de maladie. Avant même de l’en infomer, j’avais déjà convenu avec mon fils qu’il prendrait les transports en commun et ce dernier s’en était réjoui!

            Entre-temps, j’ai dû admettre que dans le cynisme ambiant qui devient de plus en plus notre réalité quotidienne et aussi après avoir voulu sauver tous mes ex-compagnons pour pas un clou, il y avait de quoi succomber aux charmes d’un sauveur.

            J’ai également répondu positivement à des demandes de volontaires pour participer à des projets que lui mettait en place afin de « réciproquer » son attention et passer du temps avec lui.

            En cherchant à mieux le cerner aux grés de mes lectures, j’ai finalement acquis un savoir à mon sujet et mon propre besoin de sauver et d’être sauvée… Cette boucle-là est bouclée.

            Mais dans la pratique que faire de mes sentiments pour lui qui se sont nourris au fil du temps, des marques d’attention et du soutien de cet homme qui sortent systématiquement de l’ordinaire?

            J’aimerais apprendre à mieux le connaître et quitter notre contexte de base qui est celui de l’annonce de l’événement triste et la peur de la souffrance de l’autre. C’est comme si j’avais besoin de vivre de manière empirique ce que je crois avoir saisi de mes leçons pour ne plus reproduire.

            Est-on cencé prendre ses jambes à son cou lorsqu’on reconnaît chez quelqu’un l’un des rôles qui se joue? A qui ressemblerait alors le partenaire idéal qui ne succiterait aucune grosse alerte? Une issue favorable est-elle envisageable pour une relation avec un sauveur compulsif si je n’ai pas besoin d’être sauvée ou de le sauver, si je souhaite être ma propre héroïne (dans tous les sens du terme) et finalement si j’exprime simplement ma gratitude -et qui sait? un jour prochain mon admiration et mon affection- pour cet homme pour son intention première qui reste belle, rare et louable, sans vouloir l’utiliser et si cela se place tel quel avant de nouer véritablement un lien? Ou alors je romps d’emblée la magie et le potentiel de cette triangulation? Est-ce qu’en sortir signifie commencer par ne pas y entrer ou plutôt y grandir?

            J’ai conscience que toutes ces questions sont stériles s’il n’est pas amoureux de moi mais je compte quand même sur mon pouvoir de séduction pour y aller et trouver par moi-même quelques réponses. 🙂

            Merci pour votre éclairage.

            Milena

          2. Bonjour Miléna,

            Il n’est absolument pas indispensable de prendre ses jambes à son cou lorsque l’on rencontre un Sauveur (ni même un des autres rôles)…
            D’autant plus que les trois rôles du triangle sont joués par une grande majorité des gens et qu’il faudrait alors fuir presque tout le monde.
            L’important, c’est de ne pas entrer dans le processus qui vous conduit automatiquement à jouer le rôle complémentaire… afin de ne pas être enfermée dans le rôle de « Victime »
            Et il me semble que vous avez déjà appris à le faire…
            En disant : « Pour ceci, je n’ai pas besoin d’aide, merci beaucoup », vous arrêtez immédiatement le processus (surtout si vous ne vous sentez pas coupable ou ne vous laissez pas culpabiliser de refuser, sinon, cela voudrait dire que vous acceptez de passer au rôle du Bourreau).
            Par contre, pour d’autres choses où l’aide est bienvenue, il n’y a pas de souci de l’accepter (nous sommes en relation aussi pour nous entraider).
            Simplement, il faut pouvoir faire en sorte que cette aide ne vous conduise pas à vous sentir redevable (et donc obligée de faire par après des choses que vous ne voulez pas faire) et que l’autre n’ait pas la possibilité de prendre le pouvoir grâce à cette aide.

            Votre ami semble effectivement un peu excessif dans son rôle de Sauveur…
            Et le risque pourrait être que derrière, il y ait une recherche de pouvoir inconsciente…
            C’est peut-être ce qu’il faudrait encore tester…
            Et peut-être que ses réactions lorsque vous avez accepté vous donnent déjà des indications. Vérifiez s’il vous fait vous sentir redevable (ou coupable de ne pas « rendre » en donnant autre chose), et donc vérifiez s’il ne rentre pas alors dans le rôle du Bourreau.
            Par ailleurs, lorsque vous refusez son aide, il faut voir aussi s’il n’entre pas alors dans le rôle de la Victime et vous fait endosser le rôle du Bourreau.
            Mais si, dans ces deux cas de figure, il peut vous aider sans une attente démesurée de votre reconnaissance et s’il peut accepter vos refus d’aide sans s’offusquer, alors son rôle de sauveur n’est pas toxique pour autrui (et peut juste être un peu un piège pour lui).

            Si vous êtes deux Sauveurs, l’autre risque est que vos deux tendances s’amplifient l’une l’autre et que cela soit plus difficile de voir les écueils… Quand on a deux fonctionnements similaires, on se comprend bien mais on ne voit pas toujours les dysfonctionnements que cela engendre (par exemple, se perdre tous les deux dans des comportements sacrificiels l’un envers l’autre ou envers le monde extérieur).
            Mais il me semble que vous possédez déjà une belle lucidité sur ce sujet.

            Alors, j’aurais envie de vous dire « Foncez », tout en restant vigilante et en utilisant bien le triangle antidote 😉

            Je vous souhaite le meilleur dans cette relation.

            Véronique.

  4. Bonjour Véronique,

    D’abord, j’avais souhaité vous dire que vous aviez été la seule que j’ai lue qui parlait de ce triangle vertueux du plaisir. Ensuite, vu la longueur kilométrique de mon message, j’ai effacé cette partie. Pour la personne orientée solution que je suis, cette lucarne que vous offrez est bien plus précieuse que tous les articles qui relatent le triangle de Karpman de long en large sans proposer d’alternative praticable directement.

    Je ne vous reviens qu’aujourd’hui car pour accéder à la juste valeur de vos messages j’ai dû lire plusieurs fois cet article, les commentaires et vos réponses. Chacune des lectures semblait nouvelle et différente à chaque fois comme la profondeur de vos messages est égale à votre grande humanité. Je mesure grâce à vous le chemin à parcourir. Il fait moins noir et moins effrayant dans mon tunnel.

    Merci donc infiniment.

    Milena

  5. Bonjour,

    Comment ne plus être victime de manipulation ?
    J’ai souvent un rôle de sauveuse et je suis tombée sur deux manipulateurs :((.
    J’ai peur aujourd’hui de vivre une relation de couple, part peur de me tromper.
    Pouvez vous m’aider svp ?

    Merci

    1. Bonjour Liza,

      La thématique de la manipulation est une thématique complexe et les raisons pour lesquelles une personne y est réceptive sont toujours des raisons personnelles.
      Le mieux est de faire un travail personnel accompagnée d’un(e) thérapeute afin de découvrir ce qui, dans votre propre histoire, a créé en vous cette réceptivité.
      Pour commencer à ne plus « tomber’ dans les pièges, vous pouvez suivre mon programme de coaching intitulé : « Sortez des jeux relationnels stériles » que vous trouverez ici / https://veroniquebaudoux.com/la-boutique/
      Je prépare également un programme qui aura pour thématique la blessure d’abus (souvent présente chez les personnes sensibles à la manipulation).
      Il sera disponible d’ici 2 ou 3 semaines.
      Bien à vous,
      Véronique.

  6. Bonjour,

    Merci pour cet article qui propose une réelle solution pour sortir du triangle de Karpman.

    Par contre, je ne vois pas comment l’appliquer concrètement car mon conjoint refuse toute communication. Il est dans le rôle du persécuteur, moi la victime et mon frère que l’on héberge de sauveur. J’ai décidé d’entamer une procédure de divorce mais je reste convaincue qu’il y a peut-être une chance de sauver ce couple car nous avons un bébé d’1 an et que je me sens responsable.
    J’ai quelques deux questions à vous poser : Est-il possible de sortir de ce triangle même si l’autre refuse toute communication ?
    Par exemple, ce soir mon mari a hurlé sur notre bébé, mon frére l’a insulté, puis mon mari m’a pris à parti, m’insultant et disant que je suis une mauvaise mère, etc, ce que j’ai pris pour moi en bonne victime. Ici, je ne vois pas comment appliquer le triangle du plaisir autrement qu’en sortant de la relation par le divorce.

    Et ma deuxième question est : Comment être certain que l’on est dans une relation pathologique et non dans le triangle ?

    Merci d’avance pour votre aide

    1. Bonjour Maï,

      Pour pouvoir distinguer si on est dans une relation pathologique et non pas dans le triangle de Karpman, je pense qu’il est nécessaire de demander l’avis d’un(e) professionnel(le) en donnant le plus de détails possibles sur les interactions quotidiennes…
      Et de voir comment ces interactions évoluent lorsque vous appliquez les « antidotes » aux 3 rôles.
      Car une des caractéristiques principales des relations pathologiques c’est précisément que, lorsque l’autre applique un antidote, la personne qui dysfonctionne va alors chercher comment attirer à nouveau l’autre dans le triangle à partir d’un autre rôle.

      Exemple pour la situation que vous décrivez :

      – Votre mari vous insulte et vous dit que vous êtes une mauvaise mère (il prend le rôle du persécuteur et vous contraint à endosser le rôle de la victime).
      – Pour ne pas endosser le rôle de la victime vous pouvez répondre quelque chose comme « Je vois que ce qui s’est passé te touche beaucoup puisque tu sembles très en colère. Il est donc important que l’on en parle. Mais je ne souhaite pas en parler lorsque tu cries sur moi. Je vais aller te chercher un verre d’eau le temps que ta colère s’apaise puis nous en reparlerons ». (Protection de votre intégrité en n’acceptant pas que l’on crie sur vous).
      Puis, s’il accepte d’en reparler : « Tu penses que je suis une mauvaise mère… Quels sont les critères qui te font penser cela ? Qu’aimerais-tu que je change pour que tu puisses penser que je suis une bonne mère ? Mes critères à moi sont différents et nous avons tous les deux le droit d’avoir notre avis »… (Permission d’être telle que vous êtes).

      Si il est dysfonctionnel, il cherchera à retourner dans le triangle en prenant, par exemple, le rôle de la victime et en se plaignant de ce que votre frère l’a insulté et en attendant de vous que vous soyez son sauveur en réprimandant votre frère.
      L’antidote serait quelque chose comme : « Je comprends que cela soit difficile pour toi. Que peux-tu faire ou que peux-tu dire à mon frère pour que cela ne se produise plus ? » (Puissance : on redonne la puissance à l’autre, son pouvoir sur sa vie et Permission de ne pas prendre la responsabilité de ce qui repose dans les mains de l’autre)

      S’il est dysfonctionnel, il pourra alors reprendre le rôle du persécuteur en vous disant que c’est à vous de parler à votre frère (si le sauveur ne veut pas sauver la victime, la victime devient alors persécuteur).
      L’antidote serait à nouveau de ne pas prendre la responsabilité de cela en disant quelque chose comme « Je n’ai pas le pouvoir de changer la relation entre toi et mon frère. Si tu souhaites que quelque chose change entre vous, il est important que ce soit toi qui lui exprimes ta demande et ce que tu attends de lui ». (redonner à l’autre son pouvoir sur sa propre vie).

      Voilà quelques exemples de façons d’utiliser les antidotes…

      Après, s’il refuse toute communication malgré ces antidotes et que, soit il s’en va pour ne pas parler, soit il hurle au lieu de parler, vous n’aurez effectivement pas d’autres choix que la séparation.
      Mais essayez déjà ces antidotes à plusieurs reprises afin de vérifier si, malgré tout, cela n’améliore pas les choses.

      Bon courage !
      Véronique.

  7. Merci beaucoup pour ce retour complet et rapide. Il y a des déjà des changements. Merci infiniment. Je pense que commanderai du coaching pour d’autres conseils.

  8. Merci beaucoup pour cet article complet ! Ça faisait un moment que je cherchais une trace du « triangle du plaisir » sur internet comme alternative au « triangle dramatique ». Quelle joie !

  9. Merci Veronique, pour vos outils pour sortir du triangle de karpman.
    Je me demandais si avec le PA, on peut utiliser la méthode des trois P?
    Car malgrès separation, je reste forcément en lien avec lui car nous avons des enfants ensembles. Il a beaucoup moins de possibilité d’emprise sur moi mais il arrive encore à retourner certaine situation où il se fait passer pour la victime.
    Vaut il mieux alors utiliser la méthode 3 P ou lui dire qu’il renverse la situation?
    C’est une question assez précise mais j’avoue que je garde une pointe de culpabilité malgrès les phrases types proposées…

    1. Author

      Bonjour O,
      Oui, tout -à-fait !
      La méthode des 3 P peut être utilisée avec le PA.
      Vous trouverez des pistes encore plus détaillées dans le programme audio : « Sortez des jeux relationnels stériles »
      Au départ, on se sent toujours un peu coupable de ne pas donner au PA ce qu’il voudrait : il joue tellement bien les victimes innocentes qu’on se sent vraiment « méchante » de ne pas avoir cet élan spontané de générosité (c’est ironique, évidemment) de faire pour lui ou de faire à sa place.
      Cela demande du discernement que de voir clairement qu’il abuse et que vous n’êtes pas la méchante de ne plus accepter qu’il abuse de vous, de votre temps, de vos ressources, de votre disponibilité.
      Bon courage,
      Véronique.

  10. Bonsoir,
    Au sujet du triangle de Karpman, peut-il n’y avoir que le bourreau et la victime (sans rôle du sauveur donc) ?

    1. Author

      Bonjour Lisa,
      Sincèrement, je ne vois pas de situation dans lequel il n’y aurait pas le rôle du Sauveur à un moment où un autre…
      Soit endossé par une tierce personne…
      Soit au sein de la relation elle-même où cela peut être aussi bien le bourreau que la victime qui endosse le rôle du Sauveur.
      Même dans une relation de maltraitance, où par exemple, le Bourreau se fait passer pour le Sauveur (en disant quelque chose comme : « sans moi, tu ne t’en sortirais pas » )
      Ou par la Victime qui pense quelque chose comme « il me maltraite parce qu’il est malheureux, si je parviens à le rendre heureux il ne me maltraitera plus ».

      Alors, dans les faits concrets, il n’y a bien qu’un bourreau et sa victime MAIS dans les rôles, les 3 rôles sont représentés (et c’est le plus souvent à cause de cette dynamique des 3 rôles que la situation perdure).

      Si vous le souhaitez, vous pouvez décrire la situation à laquelle vous pensez et qui vous fait vous poser la question et j’essaierai de la décoder selon les principes du triangle de Karpman.

      Bien à vous,

      Véronique.

  11. Chère Veronique

    Je m’excuse de mon français pas très correct, mais je me permets de vous écrire car j’ai beaucoup aimé votre article qui m’a donné bcp d’éclaircissement sur ce que j’ai vécu ces derniers 12 mois.
    Mr a 46, à ns deux enfants de 12 et 14 et il est veuf. Moi je suis maman célibataire depuis 15 ans, deux enfants de 16 ans. Je n’ai jamais vraiment refait ma vie, je n’ai jamais vraiment ressentir le besoin. Maintenant que mes enfants sont des jeunes adultes et a peu près indépendants, je voulais profiter de la vie, me trouver un Partner in Crime.
    J’ai été très claire au début, et il a accepté mes conditions. Je pense aujourd’hui avec un espoir secret qu’il allait me faire changer d’avis. Pratiquement toutes nos disputes et désaccords sont du a une seule chose : Il trouvait qu’on se voyait pas assez, et moi qu’on se voyait trop.
    Les premiers 7 mois de notre relation j’ai passé quasiment tous mes week-ends chez lui. On se voyait la semaine, le mercredi. Apres plusieurs disputes j’ai fait l’effort d’aller chez lui les mardi soirs. On partait souvent en week-end tous les deux et on est partis en vacances ensemble.
    Les reproches éteint très présentes et tout se résumait sur du :’’ tu ne fais pas assez pour notre couple’’(j’avoue que mot me horrifiait j’avoue que je préfère le mot relation) Malgré tous mes efforts, un moment donné j’ai dû changer notre dynamique car je me suis trouvé frustré, épuisé et je me sentais terriblement coupable de négliger mes enfants. Il y’avait aussi le fait que je ressentais en permanence une pression très subtile qui c’est installé d’être tjrs à la hauteur des attentes de l’autre qui petit à petit à enlever le plaisir me rendant agressive.
    Cette relation a pris la seule route possible, celle de la fin. On a essayé de discuter a plusieurs reprises Post Mortem malheureusement sans succès car sa façon de faire était la plus juste des deux et il s’obstinait de me l’imposer comme normale. Je le comprends, et fondamentalement je ne lui en veux pas. On avait deux façons complétement différentes de voir les choses et je ne pense pas qu’on aurait réussi à trouver le juste milieu car les besoins éteint différents.
    Moi je n’ai tjrs pas ni le besoin ni l’envie de m’installer avec un homme pour être en couple. Je n’inspire pas à une famille recomposée. Moi je veux une relation sérieuse, basé sur une complicité, sur une idée du ‘’ici et maintenant’’ qui peut être un jour va aboutir sur autre chose mais ceci reste un détail. Une relation pour Moi, pour ma vie de femme. Est-ce que le fait de l’envisager comme telle la rend moins sérieuse ? Est-ce que une telle relation peut être considéré tout autant sérieuse qu’un couple car je ne la veux pas libertine, mais dans le respect des besoins de chaque individu car pour moi 1+1 n’égal pas 2 mais 3 (le moi, le lui et le nous). J’avoue que cette dernière expérience à jeter un doute sur ma façon de voir une relation et je me pose énormément de questions et je me réjouis de voir ce que vous aurez à dire et m’aider peut être a sortir de ma réflexion pour m’aventurer sur des terrains que je n’ai pas réussi à prendre en considération par moi-même.
    Bien cordialement
    S

    1. Author

      Bonjour Ulva,
      Votre français est très bon et j’aimerais maîtriser une langue étrangère aussi bien que vous maîtrisez le français 😉
      Je pense que vous avez parfaitement résumé la situation en disant que cet homme estimait que sa façon d’envisager le couple était la plus juste des deux et qu’il voulait l’imposer comme normale.
      Le problème est effectivement dans cette façon de considérer les choses : « ce que je pense vrai est la norme, ce que pense l’autre est anormal »
      Tous les conflits naissent de ce genre d’attitude, quand l’un des deux veut imposer ses valeurs comme étant les seules acceptables.
      Et je crois que c’est une bonne chose d’avoir mis fin à cette relation où votre manière d’envisager les choses était jugée comme mauvaise. Surtout qu’il semble que cet homme vous culpabilisait beaucoup. Et, à mes yeux, ce n’est pas aimer l’autre que de le culpabiliser de ses besoins.
      Vous n’avez pas besoin de vivre avec l’autre au quotidien ? Vous préférez partager plutôt des moments agréables ensemble sans devoir nécessairement gérer la logistique ensemble ?
      Ce n’est pas anormal !
      Et vous n’êtes pas pour autant « libertine » 😉
      C’est même de plus en plus fréquent aujourd’hui que les femmes sont autonomes et financièrement indépendantes…
      Vous avez élevé vos deux enfants seule, vous vous débrouillez pour assumer la vie quotidienne et financière de votre famille… et vous n’avez pas besoin de prendre en charge le bien-être de trois personnes supplémentaires (lui et ses enfants) pour être heureuse. Je vous comprends 😉
      Car, bien souvent, c’est sur la femme que pèse la responsabilité de veiller au bien-être des membres de la famille… et de gérer la logistique quotidienne…
      Aujourd’hui, on voit donc beaucoup plus de femmes qui hésitent à tenter l’aventure de la famille recomposée car elles sentent d’instinct toutes les responsabilités qui pèseront en plus sur leurs épaules.
      Tandis que les hommes ont plus besoin de re-former une relation quotidienne car ils auront ainsi une « maman de substitution » qui les prendra en charge avec leurs enfants. Et que pour eux, cela va donc être un poids en moins. (Ce n’est pas le cas de tous les hommes mais c’est quand même fréquent).
      Donc, finalement, ce que cet homme vous reprochait, c’était de ne pas vouloir jouer ce rôle de maman de substitution qui le soutient, qui l’aide, qui s’occupe de lui, qui gère la logistique, qui pense à son bien-être…
      Il ne désirait donc probablement pas une relation amoureuse mais une aide-familiale 😉 même si c’était inconscient…
      Il est compréhensible que les femmes aujourd’hui soient réticentes à se remettre au service d’une nouvelle famille car c’est un peu un piège pour elles alors que c’est un soulagement pour les hommes.
      Elles ont envie d’une relation qui leur permette de vivre en tant que femmes plutôt que de reprendre un rôle de pilier de famille.
      Mais évidemment, ce n’est possible qu’avec un homme qui est lui-même complètement autonome affectivement et dans la gestion de sa logistique. Cela existe 😉
      Déculpabilisez-vous… car votre instinct vous a bien guidée… Il me semble plus que normal de ne pas avoir envie d’être piégée par les attentes aussi fortes que cet homme faisait peser sur vous.
      Bien à vous,
      Véronique.

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